Elles sont malheureusement fréquentes
chez les chevaux de sport en raison des efforts locomoteurs demandés,
des conditions parfois défavorables du terrain, du manque
de résistance osseuse ....
On peut les classer en trois variétés
:
1) Les fractures
closes sans plaie externe ou apparente, ou celles ouvertes
montrant une brèche dans la peau avec sortie de l'un ou
des deux abouts osseux. Ces deux modalités sont importantes
à distinguer : les premières, en foyer fermé
à l'abri des infections externes, les secondes compliquées
de dilacérations, de dégâts
anatomiques, d'hémorragies, déjà manifestes
ou qui s'aggraveront par les mouvements du cheval, ainsi que par
les difficultés d'immobilisation et de traitement. La conduite
à tenir consiste à contenir le mieux possible la
région en cause, au moins par un pansement provisoire quelque
peu serré.
2) Les fractures
épiphysaires portant sur les têtes articulaires,
toujours sérieuses par propagation possible du trait de
séparation jusqu'à la surface articulaire et, dans
tous les cas, susceptibles, par voisinage de celle-ci, de se compliquer
d'arthrite plus ou moins ankylosante.
3) Les fractures
diaphysaires en partie éloignées des articulations
dont la gravité dépend des modalités ci-après
:
- Fractures "incomplètes"
donc sans séparation des abouts, simples fêlures
ou fissures, dont la réparation est probable.
- Fractures "complètes"
avec deux abouts nets, proches l'un de l'autre, sans séparation
ou plus ou moins éloignés, avec séparation
des abouts, de réduction plus difficile, susceptible de
se compliquer par action des parties pointues ou coupantes des
os.
- Fractures "compliquées
d'emblée" en multiples morceaux, comminutives,
avec grandes altérations anatomiques.
Les difficultés de réparation sont très grandes,
le volume du cal en perspective sera très considérable,
la boiterie qui en résultera s'opposera à tout service,
sauf à la reproduction dans des conditions à préciser.
Une autre complication est représentée par la souris
articulaire, fragment d'os qui reste inclus dans une articulation
en provoquant même après réparation de la
fracture principale, une douleur très vive qui oblige à
l'extraction chirurgicale.
- Fractures "parcellaires"
ou "en copeau",
par exemple au niveau d'une insertion musculaire, d'un ligament,
d'un tendon, par arrachement d'un lambeau d'os plus ou moins volumineux,
ne se soudant pas toujours et formant alors localement une inclusion,
un véritable corps étranger.
D'après le siège des fractures,
on peut estimer que celles des phalanges sont les plus fréquentes
et les plus aisément réparables.
Celles du canon peuvent donner bon espoir s'il n'y a pas eu dislocation
des abouts, a fortiori s'il s'agit d'une simple fissure sans écartement.
Celles de l'avant-bras, du coude, du bras, de l'épaule,
du tibia, du fémur sont beaucoup plus graves.
Celles du bassin, sauf celles de la pointe de la hanche, sont
quasi irrémédiables sur le plan fonctionnel de même
que chez les juments de reproduction si le cal de réparation
très volumineux est susceptible de gêner le passage
du foal à l'accouchement.
Celles de la colonne vertébrale entraîne d'emblée
une paraplégie ou une quadriplégie.
Le diagnostic des fractures mérite d'être
précisé aussi exactement que possible quant à
leur siège et leur modalités.
L'affirmation clinique est la plupart du temps possible en ce
qui concerne les fractures complètes, mais elle ne renseigne
pas suffisamment en ce qui concerne leur importance, les variétés,
la position et le nombre des abouts, autant de points essentiels
pour les suites à donner.
Seuls les rayons X peuvent éclairer les détails
nécessaires. Des matériels radiographiques
transportables sont utilisés avec profit aux niveaux des
membres situés au-dessous des bras et de la cuisse.
En ce qui concerne le traitement des fractures
doit-on admettre comme fausse l'opinion régnante que celles
du cheval sont inguérissables parce que les os en cause
ne se ressoudent pas ?
Cette notion est réfutable car tout tissu osseux peut se
réparer si sa structure est normale et si l'ensemble du
squelette est suffisamment minéralisé. En revanche,
il est indispensable que les abouts de rupture soient rigoureusement
mis en contact pour que s'interpénètrent les éléments
de la trame osseuse qui sera nouvellement formée. C'est
précisément là que réside toute la
difficulté : les extrémités non immobilisées
donnent naissance à un cal exubérant, mal orienté,
ne permettant aucune adhérence et aboutissant à
des pseudarthroses c'est-à-dire à des non-soudures,
laissant les chevaux infirmes sur le plan de leur utilisation
ultérieure et à peine susceptibles de devenir des
reproducteurs.
Les esprits sensibles se demandent couramment
pourquoi on ne plâtre pas plus souvent les membres fracturés
du cheval et pourquoi on préfère sacrifier l'accidenté.
Du point de vue technique, la réparation
d'une fracture est possible chez le cheval mais elle est conditionnée
par une longue immobilisation qui se heurte aux inconvénients
suivants :
- le membre plâtré ne pouvant pratiquement
supporter aucun poids, le malade est obligé de rester en
permanence sur ses trois membres sains et ceux-ci ne tardent pas,
en tout ou partie, à être la proie de la fourbure
de fatigue ;
- le malade gagnerait à être soutenu par un appareil
à suspension, mais à condition qu'il veuille bien
le tolérer, son poids est tel par rapport à la surface
portante des sangles et courroies de l'appareil que sa peau ne
tarde pas à se mortifier et à donner naissance à
une infection rapidement mortelle ;
- le cheval pourrait comme un être humain rester couché
pendant le temps nécessaire à la réparation,
mais cette fois, c'est son appareil respiratoire et son cœur
qui, mal faits pour une très longue respiration en position
décubitale, donneraient lieu
à une mort par pneumonie hypostatique.
Du point de vue économique, non seulement
l'indisponibilité du malade serait très longue et
par conséquent coûteuse, mais l'avenir du membre
réparé serait presque toujours définitivement
compromis.
Malgré tout, il est certain que plus l'animal
est jeune et de bonne constitution, plus son ostéogénèse,
très active, est favorable à la formation d'un bon
cal. Plus le cheval est calme et tolérant, meilleur sera
le résultat puisque l'immobilisation aura été
possible et parfaite pendant au moins deux mois de bandage plâtré.
Plus dense est le squelette, plus satisfaisants seront la minéralisation
et la modulation du cal.
Le traitement comporte d'abord, en attendant le
vétérinaire, une contention provisoire du rayon
osseux pour le maintenir en bonne position et éviter que
la fracture ou la fêlure ne se complique dans le sens de
l'une ou l'autre modalités plus graves qu'on a mentionnées.
Le plâtre peut être décidé après
radiographie. Il met en contact les abouts (coaptation) au prix
d'une totale résolution musculaire (réduction) qui,
même sous anesthésie profonde, est extrêmement
difficile à obtenir quand le patient est dans la force
de l'âge et quand la fracture est située plus haut
que le genou ou le jarret. En outre, le plâtre contribue
à immobiliser le sujet pour éviter des mouvements
intempestifs qui détruiraient le dispositif.
Parmi les méthodes de traitement des fractures
existent des "enclouages" centro-médullaires
qui consistent à charger les abouts, judicieusement orientés
et coaptés, sur une tige métallique introduite dans
le canal osseux qui existe dans toutes les diaphyses
longues.
Des vissages, manchonnages, greffes osseuses, seraient encore
utilisables chez le cheval, mais on doit avant de les décider
tenir compte de l'indocilité éventuelle et de la
masse du sujet. L'immobilisation par attelles métalliques
externes peut convenir lors de fractures chez les poulains.
Les suites sont importantes, quel que soit le
traitement décidé en ce qui concerne le cal, la
solidité et l'exubérance possible, tous éléments
utiles pour le pronostic d'avenir du blessé dont la gêne
locomotrice pourra entraver son emploi ultérieur et le
faire classer dans une autre catégorie de service.
Sur les chevaux petits et
surtout sur les poneys, on peut enfermer un membre fracturé
dans un plâtre de marche.
Après réduction de la fracture, si possible
sous contrôle radiographique, un plâtre généreusement
rembourré est mis en place en englobant l'articulation
supérieure et l'articulation inférieure et
par rapport à la fracture. En même temps il
est intérieurement renforcé par une tige métallique
formant béquille, qui supporte une bonne partie du
poids du corps et permet au malade de rester debout dans
son box pendant la période nécessaire à
sa guérison, toutes précautions étant
prises du point de vue digestion, reminéralisation
et infection. |
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