Pathologies du cheval

 
Affections des pieds
       
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Fourbure

 

 

La fourbure est une maladie générale qui s'exprime essentiellement au niveau du pied, antérieur presque toujours, par une inflammation extrêmement intense du podophylle. Sa forme aiguë comporte une phase de congestion violente pendant laquelle il suffit de 12 heures seulement pour que, par un mécanisme de bascule, la 3e phalange décolle sa face antérieure du kéraphylle et bascule en pointant contre la sole, qu'elle bombe (croissant d'os) et qu'elle parvient même à traverser.

Attitude caractéristique du cheval fourbu
 


Aiguë, la fourbure entraîne une intense chaleur et une souffrance indicible. Le malade ne peut se déplacer qu'avec les plus grandes difficultés, et au repos il déporte tout son poids sur le bipède resté sain en prenant le plus souvent une attitude caractéristique.

Cause de la fourbure

La connaissance des rapports anatomiques des organes internes du pied aide à comprendre le mécanisme des troubles.
Les organes internes du pied reçoivent l'oxygène d'un réseau de vaisseaux sanguins qui se ramifient en vaisseaux plus petits au niveau de la couronne. Les artères laminaires dorsales alimentent la face dorsale du pied sous forme de rameaux de l'artère circonflexe, qui entoure la base de la 3e phalange. L'engrènement des lamelles charnues du chorion (tissu hautement vascularisé) et des lamelles cornées unit la 3e phalange et l'étui corné du sabot. Pour atteindre les lamelles charnues du devant du pied, le sang doit s'écouler contre la pesanteur, car il se déplace à partir du bas du pied.


Toutes les affections systémiques (c'est-à-dire affectant l'ensemble de l'organisme) qui interrompent le flux sanguin dans le pied, provoquent une inflammation au niveau des lamelles du pied. L'apport de sang et d'oxygène aux tissus diminue, alors que la pression sanguine s'élève. Le pouls digité s'élève. La constriction des vaisseaux détourne le sang et l'oxygène des lamelles du pied, ce qui entraîne leur nécrose. L'engrènement des lamelles ne peut plus soutenir le poids du corps ni résister à la traction du tendon fléchisseur profond du doigt, qui se fixe à l'arrière de la 3e phalange. Celle-ci exerce un effet de levier qui augmente la traction du tendon et elle se détache de l'étui corné.
N'étant plus soutenue par l'engrènement des lamelles, elle subit une rotation ou s'abaisse en direction de la sole, qu'elle peut perforer dans les cas très grave. On peut toutefois prévenir la rotation de la 3e phalange si le processus pathologique est interrompu rapidement. Cependant, dans certains cas, celle-ci peut basculer 3 heures après que les lamelles ont commencé à gonfler.

 

   
 

Causes métaboliques

Tous les troubles métaboliques peuvent provoquer une fourbure.
Le stress dû à un transport ou à une maladie, les diarrhées, les septicémies (infections généralisées), les affections hépatiques ou rénales ont un effet important sur la formation d'endotoxines.
Le foie est incapable de neutraliser complètement les endotoxines circulant en excès dans le sang. Une description du milieu intestinal aide à comprendre ce que sont les endotoxines et leur rôle dans la fourbure.

• Milieu intestinal

La flore intestinale vivant normalement dans l'intestin du cheval est un écosystème dont l'équilibre est précaire. L'alimentation de l'animal influe sur ce système et les bactéries s'adaptent lentement à de légères modifications du régime alimentaire. Une consommation excessive et rapide de grains riches en glucides favorise une pullulation des Lactobacillus, et le PH de l'intestion devient alors acide.
Les sujets recevant normalement des céréales, comme les chevaux de compétition, y sont particulièrement exposés quand ils en reçoivent en excès. Une population normale de germes produisant de l'acide lactique vit déjà en présence de grains fortement fermentescibles. Les chevaux recevant des céréales ont un milieu intestinal légèrement acide, amorce d'un désastre imminent.
Un milieu acide désorganise la fragile barrière unicellulaire séparant la cavité de l'intestin des vaisseaux sanguins de la paroi intestinale. Si le PH continue à baisser, les bactéries résidentes Gram-négatif de l'intestin meurent. La paroi cellulaire de ces bactéries contient des composants toxiques appelés endotoxines. La mort de ces germes due à l'acidité du milieu intestinal libère les toxines dans le gros intestin, où elles sont absorbées et transportées dans tout l'organisme.

 

• Rôle des endotoxines

L'organisme est constamment exposé à de petites quantités d'endotoxines libérées dans le sang par la mort journalière normale d'un petit nombre de bactéries Gram-négatif. Dans les conditions normales, le foie détoxifie les endotoxines et l'immunité locale les neutralise.
Un excès d'endotoxines a des effets très importants : en cas d'absorption d'une quantité massive du fait d'un apport excessif d'hydrates de carbone ou d'un problème métabolique sous-jacent, ou si l'organisme est sensibilisé à l'avance aux endotoxines comme chez les chevaux nourris de grains, il en résulte une réaction immunitaire massive qui a un effet catastrophique sur la circulation sanguine dans les pieds et provoque la fourbure.

• Coliques

Les coliques dues à une altération de la motricité intestinales favorisent également une pullulation des bactéries et donc la formation d'endotoxines dont les effets nocifs se manifestent dans l'ensemble de l'organisme. Les petits vaisseaux sanguins se contractent, dont ceux des pieds.
Parfois les chevaux épuisés ou souffrant d'une hyperthermie peuvent présenter des troubles métaboliques altérant la circulation et désorganisant les lamelles du pied.

• Excès de poids

Malheureusement, une grande partie du monde des sports équestres aime les chevaux présentant un excès de poids, qui prédispose cependant à la fourbure, et les chevaux obèses en sont des candidats prioritaires. Ils souffrent de troubles métaboliques avec diminution de la tolérance au glucose et à la consommation d'hydrates de carbone. Si le cheval en consomme en excès sous forme de grains ou de luzerne riche, il est très exposé à la fourbure.

 

• Non-délivrance

Une jument qui a mis bas, mais n'a pas rejeté les enveloppes fœtales dans les 3-4 heures suivant le part, est exposé à la fourbure. Des endotoxines sont absorbées à partir de l'utérus à mesure que le placenta se décompose et qu'une infection se développe.

• Troubles hypophysaires

Les chevaux âgés développent parfois une tumeur de l'hypophyse, située sous le cerveau qui provoque un déséquilibre hormonal avec production excessive de corticostéroïdes. Cette hypersécrétion entraîne finalement une élévation du taux de glucose du sang, qui peut être cause d'une fourbure. Ces troubles passent facilement inaperçus. Leurs seules manifestations peuvent être un pelage grossier et hirsute qui ne mue pas, et une exagération de la soif et de la production d'urine (polyuropolydypsie).

• Fourbure de fatigue

La fourbure peut également être due à des facteurs mécaniques et résulter de traumatismes et de contusions subis par les lamelles des pieds à la suite d'un travail prolongé sur un sol dur.
Les pieds trop parés ou usés sont facilement traumatisés.
Les bleimes et les clous de rue provoquant une infection ou un abcès peuvent aussi entraîner une fourbure.

• Fourbure de surcharge

Une fourbure de surcharge peut se produire en cas de blessure telle qu'une fracture, provoquant une suppression d'appui de plusieurs mois. Le sang stagne dans le membre opposé sain qui est surchargé et une fourbure peut en résulter.

 

Diagnostic de la fourbure chronique

Un sabot dont la corne de la paroi est cerclée, indique que le pied a présenté des épisodes antérieurs d'inflammation. Les tubulures de corne du sabot se développent normalement en suivant une ligne droite presque verticale à partir de la couronne.

Quand la 3e phalange est pressée vers le bas ou subit une rotation à l'intérieur de l'étui corné du sabot au cours d'une crise de fourbure, le chorion de la couronne est pris et comprimé entre le processus extensorius (saillie de la 3e phalange sur laquelle se fixe le tendon extenseur dorsal du doigt) et la corne de la paroi.
Les tubules de corne du sommet de la paroi se plient en formant un angle, ce qui comprime encore davantage les tissus de la couronne et réduit l'apport de sang. Cette compression et cette diminution de la circulation privent les tissus d'oxygène, ce qui perturbe le développement de la paroi du tiers antérieur du sabot.
Les tubules de corne se déforment. Leur développement est très ralenti en pince et la croissance de la paroi devient irrégulière.
Une importante circulation collatérale au niveau des talons permet à ceux-ci de se développer normalement. En l'absence de mesures correctrices, la paroi devient concave en pince, ce qui indique également le déplacement de la 3e phalange.
Dans la fourbure chronique, la diminution de la circulation sanguine dans la partie antérieure du pied se traduit sur la paroi du sabot. Les lamelles de corne s'épaississent excessivement du fait de la croissance lente de la pince. Des saillies épaisses et irrégulières se forment sur la paroi parallèlement à la couronne. La corne de formation nouvelle suit ce mode de développement et conserve les cercles et la concavité caractéristiques de la paroi.
La désorganisation des tubules de corne provoque une déshydratation du sabot qui perd son élasticité.
Les troubles de la circulation, la déshydratation et la réduction de l'appui lié à la douleur provoquent une contraction de l'ensemble du pied. La paroi du sabot raconte l'histoire quotidienne des sollicitations internes déterminant sa forme et sa résistance.
 

Traitement de la fourbure

Il n'existe pas de traitement unique de la fourbure. Il doit être adapté à chaque cas, selon sa gravité et le problème métabolique responsable. De nombreux traitements médicaux sont connus et appliqués avec un succès variable. Les mesures indispensables à prendre quand on observe une crise de fourbure sont les suivantes :
- faire traiter la cause par le vétérinaire, par exemple : excès de grains, non-délivrance, traumatismes ;
- supprimer les aliments riches (grains, luzerne) pour éviter une acidification du milieu intestinal ;
- mettre à la diète un cheval présentant un excès de poids pour réduire les troubles métaboliques et le poids portant sur le(s) membre(s) atteint(s) ;
- les anti-inflammatoires non stéroïdiens (aspirine, flunixines méglubine, phénylbutazone) combattent la douleur et l'inflammation et la flunixine méglumine neutralise les effets des endotoxines ;
- il existe un sérum bloquant la libération d'endotoxines ;
- l'usage de sable pour la litière offre un support souple à la sole ;
- des padds ou une talonnette spéciaux placés sous la fourchette soutiennent la 3e phalange ;
- il faut immobiliser le cheval pour éviter que les lamelles du pied ne continuent à se détruire. Cette immobilisation peut être nécessaire pendant un mois ou plus ;
- on discute des enveloppements humides chauds ou froids. Les enveloppements froids réduisent la douleur mais tendent à contracter les vaisseaux sanguins tandis que les chauds augmentent l'inflammation mais dilatent les vaisseaux et les capillaires du pied.

Au bout de 24 heures d'évolution, une radiographie du pied est utile pour apprécier le degré de bascule de la 3e phalange à l'intérieur du sabot et pour guider le parage correctif du pied destiné à réduire la traction sur les lamelles du pied.

 

Traitement d'une consommation excessive de grains

Le vétérinaire peut prévenir les coliques et la fourbure si l'on a découvert dans les 8-12 heures qu'un cheval a eu accès à la réserve d'aliments et consommé des grains en excès.

Huile minérale
L'administration d'huile minérale à la sonde naso-gastrique limite la fermentation des grains dans l'intestin et réduit au maximum l'acidification du milieu intestinal. L'huile minérale enduit la paroi intestinale et réduit l'absorption des endotoxines. Elle protège aussi les cellules intestinales d'une désorganisation par les acides et les endotoxines. Son effet laxatif favorise de plus une élimination rapide des aliments riches.

Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
Les AINS bloquent l'évolution de l'inflammation contribuant à la crise de fourbure et soulagent la douleur. La flunixine méglubine neutralise aussi les effets des endotoxines.
Un traitement immédiat influe de façon déterminante sur le pronostic et l'issue de la maladie. Il est souvent efficace grâce à la croissance continue du sabot. A mesure que la corne se forme, on élimine les parties anormales par des parages successifs.

Prévention de la rotation de la troisième phalange

Le traitement a pour but de prévenir la rotation ou l'abaissement de la 3e phalange à l'intérieur du sabot. On obtient ce résultat par :
- un traitement médical agressif ;
- un parage et une ferrure correcteurs ;
- l'application d'un coin rembourré destiné à réduire la traction du tendon fléchisseur profond et d'un fer à planche soutenant le pied ;
Si la 3e phalange a subi une rotation, le traitement est décevant et peut ne jamais rétablir des aptitudes sportives normales.

Prévention de la fourbure

Il existe aux Etats-Unis un vaccin anti-endotoxines destiné à immuniser les chevaux contre la libération d'endotoxine avant le déclenchement d'une crise. Les anticorps formés sous l'effet du vaccin neutralisent les endotoxines libérées par les bactéries Gram-négatif mortes. La vaccination comprend une injection avec un rappel un mois plus tard. Les années suivantes, on fait un ou deux rappels pour maintenir l'immunité contre les endotoxines.
Des recherches sont en cours pour produire un vaccin suscitant des anticorps actifs sur le facteur nécrosant tumoral équin (TNF), qui est un sous-produit de l'inflammation provoquée par les endotoxines.
En raison du nombre d'espèces différentes de bactéries Gram-négatif produisant des endotoxines, il est difficile de créer un vaccin assurant une immunité croisée contre toutes. En revanche, un seul type d'anticorps est nécessaire pour neutraliser le facteur nécrosant tumoral équin, si bien que ce type de vaccin est prometteur.

Les pieds du cheval sont des indicateurs sensibles de sa santé générale. Une alimentation équilibrée, un exercice régulier et le séjour au pré sont des facteurs indispensables à sa santé. Il faut consulter un vétérinaire en matière d'alimentation, de contrôle du poids corporel et d'hygiène des pieds. Une bonne conduite de l'élevage et un examen physique général permettent d'éliminer de nombreuses causes de fourbures.

 
 
 
 
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