Problèmes d'Appétit
La suppression de l'appétit ou anorexie est un signe qu'on remarque facilement et qui est inquiétant s'il persiste plus de 2 ou 3 jours.
La diminution du besoin de manger ou inappétence est un signe moins alarmant car, en dehors des états fiévreux, elle résulte le plus souvent de causes passagères (fatigue, dépaysement, isolement, nervosité, changement de ration ou de service, etc.) ou dont on peut à loisir chercher l'origine et obtenir la disparition avant que l'amaigrissement devienne trop marquée.
La perversion de l'appétit ou pica est une altération des habitudes gustatives qui incite l'animal à absorber des substances non alimentaires (crottins, terre, chaux enduisant les murs, etc.). C'est en principe un indice de carences aisément combattues par la pierre à lécher ou par des denrées complémentées en minéraux ou en vitamines.
L'augmentation ou polyphagie coïncide avec les convalescences, le diabète, l'issue de périodes de surmenage ou de sous-alimentation corrigée.
En cas de boulimie, le cheval consomme de grandes quantités d'aliments sans pouvoir assouvir sa faim. |
Coliques
Ce mot trop général désigne simplement un ensemble de symptômes dont les causes sont multiples mais dont le principal est la douleur abdominale.
Même si la modernisation de l'élevage et de l'alimentation du cheval rend les coliques plus rares aujourd'hui, leurs raisons souvent inconnues et leurs manifestations dramatiques ainsi que leur traitement fréquemment aléatoire indiquent formellement qu'à leur propos comme en toute chose, mieux vaut prévenir que guérir.
Classement
On classe les coliques
- selon leur principal territoire d'évolution : coliques stomacales, coliques intestinales;
- selon leur type : coliques par congestion, de stase, de sable, afrigorées (sous l'action du froid), hémorragiques, etc.;
- selon leur motif : coliques par surcharge, par météorisation (ou tympanisme d'origine gazeuse), par invagination avec télescopage d'une section d'intestin dans la section suivante, par occlusion et volvulus si le transit des aliments est étranglé par un phénomène périphérique à l'intestin, par obstruction si le cheminement est bloqué par un obstacle situé dans la lumière intestinale.
Causes
Elles sont d'origine alimentaire par irrégularité ou surabondance des distributions, insuffisance ou excès d'abreuvement, ration mal calculée, etc.
D'origine anatomique par petitesse de l'estomac, faible digestion stomacale et impossibilité du vomissement.
D'origine mécanique du fait d'une constipation souvent imputable à un travail musculaire insuffisant, par ingestion de sable ou de terre si l'avoine et le foin sont présentés à même le sol et non en mangeoire, musette ou filet suspendu, par formation de calculs parfois énormes si l'animal consomme trop de son, par étranglement d'une section d'intestin bloquée dans le canal inguinal (hernie inguinale), comme suite normale à l'accouchement (colique de parturition), comme conséquence d'une accumulation de gaz provenant d'aliments fermentescibles, etc.
D'origine météorique par aérophagie ou à l'occasion d'un temps lourd et orageux qui dérègle le système nerveux.
D'origine parasitaire par une double action, celle des vers hébergés en trop grand nombre dans le tube digestif qu'ils intoxiquent et détériorent à partir d'un certains degré d'infestation, celle des troubles circulatoires provoqués par l'aller et le retour de la migration des larves de vers de long des artères qui irriguent l'intestin.
D'origine toxique par effet de denrées fourragères mal conservées et surtout de paille moisie.
A côté de ces causes qui s'attaquent au tube digestif, peuvent intervenir d'autres motifs de coliques au niveau du foie ou des organes génitaux et urinaires entre autres.
Lésions
Elles varient considérablement en fonction de leur emplacement et de leur gravité.
En principe il s'agit surtout de congestion par arrêt de la circulation veineuse plutôt qu'artérielle, de nécrose avec mort des tissus, de rupture avec éclatement et inondation de la cavité abdominale par le contenu du tube digestif.
Signes
Dans un premier cas, douleur aiguë qui se manifeste par l'angoisse du regard, la sudation abondante, l'agitation incessante.
Le malade regarde son flanc, frappe son ventre avec ses sabots, piaffe et gratte le sol, se couche et se relève, se roule, prend des attitudes anormales, se campe, tente en vain d'uriner et de déféquer.
Ces signes s'aggravent en quelques heures après lesquelles ou bien une débâcle annonce la guérison, ou bien la rupture d'un organe digestif amène un calme trompeur qui débouche sur un refroidissement général progressif, un affaiblissement du cœur, une raideur cadavérique et la mort par résorption de toxines.
Dans un deuxième cas, douleur sourde où des signes analogues mais moins dramatiques persistent plusieurs jours avec des alternatives de rémission. Les yeux se creusent, le flanc s'approfondit, le ventre remonte, la déshydratation grandissante ralentit l'aplatissement des plis de la peau, le réflexe du rein est absent, l'intoxication menace. L'issue fatale est à craindre si un traitement approprié n'obtient pas la guérison.
Diagnostic et pronostic
En plus de la raison des coliques, il faut toujours essayer de localiser leur origine.
L'examen de l'abdomen, la façon dont l'animal se couche, sa mimique, ses bruits abdominaux, la teinte de ses conjonctives fournissent des indices qui orienteront le traitement.
L'exploration rectale peut déceler l'occlusion, l'obstruction ou autres anomalies de l'intestin.
La ponction (paracenthèse) de l'abdomen offre de sûres garanties par étude du liquide péritonéal.
L'observation du pouls permet d'établir un pronostic favorable s'il bat à moins de 60 aux environ de la 12e heure; elle conseille l'intervention chirurgicale de réparation si ce nombre oscille à ce moment entre 60 et 80; elle inspire peu de confiance en une guérison médicale ou chirurgicale au-dessus de 80 pulsations à la minute.
Traitement
Le traitement préventif des coliques est d'un intérêt capital en raison des difficultés de la détermination de leur cause et de leur siège précis, en raison aussi de l'incertitude fréquente de leur traitement curatif.
Il comporte les mesures suivantes :
- travail : donner une faible portion de la ration (la botte) avant le travail, ne jamais laisser boire ou manger à sa guise un cheval trempé de sueur;
- abreuvement : munir le box soit d'un abreuvoir automatique soit d'un seau d'eau toujours propre et fraîche, ou bien abreuver fréquemment et très largement en "coupant l'eau"; profiter de toutes les occasions pour faire boire;
- alimentation : fractionner la ration en deux et si possible en trois repas quotidiens, celui du soir sera le plus abondant; respecter scrupuleusement l'horaire des distributions, veiller à la qualité des denrées alimentaires (ni terre, ni graines étrangères, ni moisissures), adopter sans crainte les granulés en les complétant par du foin, ne pas donner d'herbe à l'écurie, sinon mêlée de foin, réduire la ration des jours sans travail et de préférence celle de l'avant-veille des épreuves particulièrement sévères, distribuer un ou deux mashes par semaine;
- hygiène : purger une fois par mois avec un produit huileux plutôt que salin, vermifuger deux ou trois fois par an (printemps et automne en tout cas, hiver si possible), faire systématiquement râper les dents une ou deux fois l'an.
Quand au traitement curatif, il est à deux stades :
- au stade des soins banaux et outre les mesures de prévention plus haut citées, frictionner toutes les dix minutes avec un bouchon de paille, mettre une ou deux couvertures superposées, promener en main ou laisser le malade se débattre en un endroit où il ne risquera pas de se blesser, injecter en sous-cutanée une substance soutenant son cœur (huile camphrée par exemple);
- au stade des soins spécialisés, avertir le vétérinaire si les coliques sont d'emblée dramatiques ou si elles ont duré plus de deux heures au maximum. Le praticien précisera le diagnostic et procèdera en conséquence à des soins médicaux et au besoin chirurgicaux.
Le traitement médical consiste à calmer la douleur avec un analgésique toujours le même en principe, à combattre le blocage intestinal par des antispasmodiques, à lutter contre l'auto-intoxication au-delà de la 12e heure en recourant aux antibiotiques, à empêcher la déshydratation grâce à de généreuses administrations buccales et intraveineuses (30 à 40 litres par jour) d'un liquide ioniquement équilibré tel que la solution salée-glucosée-bicarbonatée ou celle de Ringer.
Le traitement chirurgical consiste d'abord en mesures simples telles que la saignée, la ponction du caecum, le sondage de l'estomac et son lavage le cas échéant.
Il fait au besoin appel à des mesures plus compliquées qu'on entreprendra dans les conditions définies plus haut (diagnostic et pronostic) : opération de la hernie inguinale étranglée, ouverture de la cavité abdominale en vue de rétablir manuellement le transit intestinal quand ce serait au prix de la section d'une partie de l'intestin grêle ou du côlon flottant. Accompagnées de la réanimation indispensable, ces interventions ne sont plus exceptionnelles aujourd'hui, elles peuvent s'accommoder d'un transport préalable du malade sur plusieurs dizaines de kilomètres, elles sont couronnées de succès dans environ 83% pour les coliques du gros intestin, 25% pour les coliques de l'intestin grêle.
Par la suite, la mise en œuvre d'antiseptiques intestinaux sera toujours utile et sans inconvénient. Si les antibiotiques ont été administrés, il sera indispensable de faire agir des ferments lactiques qui neutraliseront peu à peu leurs effets destructeurs sur la flore intestinale et qui la reconstitueront peu à peu. En outre, la convalescence gagnera à une diététique à base de mashes, barbotages, graines de lin et herbe verte.
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Entérites
L'entérite banale est fréquente chez le cheval de sport dont la ration hautement énergétique échauffe souvent l'intestin par surabondance du grain pour une proportion réduite de foin.
Chez les poulains, l'entérite, aiguë ou chronique, est occasionnellement constatée chez les animaux fortement nourris, surtout en avoine.
La crise aiguë se montre sous le même aspect que la diarrhée banale : les caractères des excréments, surtout leur odeur et leur aspect mousseux, sont à prendre en considération pour agir en conséquence, les symptômes risquant de transformer une diarrhée banale en entérite grave.
L'entérite chronique donne des crottins durs, tassés, recouvert de fausses membranes contenant des grains d'avoine mal digérés, tandis que le malade moins vigoureux maigrit.
Le traitement des formes chroniques consiste en une administration des trois sels : sulfate de soude, bicarbonate de soude, sel de cuisine (une cuillerée à soupe de chaque dans un des deux repas quotidiens, continuée jusqu'à apparition de crottins complètement ramollis, la reprise du régime normal les montrant d'aspect favorables); entretien de ce bon état par mashes, graines de lin, ferments lactiques distribués une ou deux fois par semaine.
Chez l'adulte, elle peut être due aux parasites de l'intestin, au refroidissement, à l'indigestion proprement dite, à la consommation d'aliments nocifs ou mal conservés, à des microbes ou des responsables de maladies gastro-intestinales bien déterminées.
En l'absence de soins appropriés, la diarrhée est à peu près constante, le malade maigrit et se déshydrate comme dans le cas des coliques mais plus graduellement.
Le traitement est efficace s'il est entrepris à temps et dirigé conformément aux résultats des analyses de laboratoire. Il commence par éliminer la cause de l'affection, puis il met en œuvre le nivellement dentaire, le repos, la vermifugation, les grains germés, la réhydratation, les antiseptiques intestinaux et toute mesure répondant à la situation individuelle du malade. La mise au pré est toujours conseillée.
La colite X est une entérite particulière, d'origine incertaine bien qu'elle coïncide avec les états de stress et qu'elle ressemble à une entérotoxémie congestive.
Elle se manifeste par la diarrhée, la sudation, la prostation, la douleur abdominale, les tremblements musculaires, la mort presque inévitable en 24 heures environ.
Le seul traitement actuellement connu consiste d'une part à éviter ou à combattre les états de choc, d'autre part à réhydrater abondamment.
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