Pathologies du cheval

 
Habitudes vicieuses
       
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Cheval mordeur

Page très largement inspirée de
l'excellent magazine "Cheval Pratique".

Les "bananes" couchées et l'œil mauvais, nez troussé,
il vous accueille avec les dents et sont les terreurs des clubs hippiques.

Qui sont ces chevaux mordeurs ?

Pourquoi ce comportement ?

Comment y remédier ?

Qui sont ces chevaux mordeurs ?

Vous devez monter Bichon et votre stress commence à croître car vous savez qu'à peine devant le box, vous allez avoir affaire à un cheval digne d'Hannibal Lecter dans le Silence des Agneaux. Oreilles couchées, l'œil mauvais, il n'hésite pas à claquer des dents en se jetant sur la porte.
Le chuchoteur américain Pat Parelli les avait appelés «les crocodiles» et ce terme est en train de passer dans le langage équestre.

Pourquoi mord-il ?
Mordre permet au cheval de se faire comprendre. Un bon moyen pour appuyer leur propos, notamment leur fameux "Bouge de là" afin de remettre un peu d'ordre dans la hiérarchie.
On l'observe aussi dans le jeu des yearlings, en particulier ceux des jeunes mâles célibataires qui testent leurs forces avec fougue pour pouvoir, un jour, se battre réellement avec un chef de harem et le détrôner. Un combat sans ménagement où les deux protagonistes peuvent s'infliger de terribles morsures jusqu'au sang. La puissance de la mâchoire d'un cheval est phénoménale et la douleur provoquée est directement proportionnelle.
Le seul critère qui permet de différencier le jeu du combat : les oreilles. Si elles sont au-dessus de la ligne de la crinière, il s'agit encore de menaces, mais si elles sont descendues sous cette ligne, plaquées dans l'encolure comme si elles avaient disparu, le cheval est dans l'agressivité la plus exacerbée. C'est dans cette position que le cheval se transforme en "crocodile", à part que ses dents sont plates car, rappelons-le ici, le cheval est un herbivore. Il n'a donc aucune motivation à nous "croquer".

Dans le langage cavalier, on distingue différentes morsures du cheval. On entend dire qu'il pince ou qu'il chique pour évoquer la petite morsure du malin qui chope le blouson ou du grincheux qui manifeste son désagrément au sanglage. En fait, le cheval mord sans vraiment accomplir son geste jusqu'au bout. Et si, par inadvertance, ses dents se serrent un peu plus que de raison, nous avons l'impression d'être pincé que franchement mordu, comme cela peut arriver avec le vrai agressif ou le cheval entier.

Dans la liste des chevaux mordeurs (cf ci-contre) nous ajouterons ceux qui ont appris par ce que nous appelons les "mains de la tentation" car nous avons observé que les cavaliers sont nombreux à offrir leurs mains au cheval ou à s'amuser à leur tripoter la bouche. Deux mauvais comportements qui entraînent le risque de se faire mordre. Dans le premier cas, pour peu qu'ils aient déjà donné ainsi quelques friandises, le cheval, qui est un grand gourmand, se jette sur les mains pour y "gober" le bonbon et, dans sa précipitation, il chope la main ou les doigts.. Aïe ! Dans le cas du tripotage, le cheval excédé mord pour se libérer de cet inconfort. Et il apprend très vite car, dès qu'il utilise ses dents, votre pression s'arrête. Il apprend à mordre en quelques répétitions par renforcement négatif.
Celui qui chique au sanglage ou au pansage, celui qui vous empêche d'entrer dans le box ou de le seller, les oreilles plaquées, a appris par le même processus : vous avez arrêté quand il a fait mine de vous mordre. Voilà pourquoi, à chaque instant, nous sommes l'enseignant de notre cheval.

 

Coralie Fournier (comportementaliste animalière) nous explique :

« Je pense que l'on peut différencier ce comportement en 4 catégories.

1° - Les chevaux qui ont été nourris à la main sans raison.
Ceux-là t'accueillent la bouche ouverte ! Ils sont prêts à taper et mordre pour avoir à manger. Ce sont les "pourris gâtés" par leurs propriétaires qui se retrouvent souvent débordés. Pour moi, ce sont les plus dangereux.

2° - Les chevaux qui ont été mal imprégnés à la naissance.
J'ai l'impression qu'ils se sentent abusés par l'homme et deviennent mordeurs car ils ne l'associent pas avec quelque chose de positif.

3° - Les grincheux qui couchent les "bananes" quand on les sangle trop fort, par exemple.

4° - Les chevaux entraînés au clicker lorsque c'est mal fait. Voilà pourquoi il est important d'être très vigilant pour ne pas générer de frustration. »

 

Il y a bien sûr le cas du cheval entier, et plus précisément du jeune mâle qui mord pour tester sa force.
Il peut faire très mal car il y va franchement mais son attitude corporelle est souvent très différente du cheval de club excédé qui a trouvé un truc pour se débarrasser des humains. Le jeune mordeur a souvent l'œil coquin qui semble dire : « Eh, toi, tu joues à la bagarre avec moi ? » suivi d'un bon coup de dent. et c'est là que l'humain tombe dans un autre travers : taper. En adoptant ce comportement, le jeune cheval croit que nous rentrons dans son jeu et continue à mordre, voire le fait de plus en plus fort.
Un cercle vicieux peut alors s'installer car l'humain, qui sait que le cheval va essayer de le choper, va anticiper la morsure en le tapant avant toute hostilité de sa part. Le cheval va devenir agressif pour se défendre de cette agression.

Mais alors comment régler le problème ?

 
Action bonbon ...
Coralie Fournier nous raconte le cas d'un vrai mordeur dans un établissement où elle avait 30 élèves :
«J'ai mis un seau de granulés devant la porte et j'ai dit aux jeunes d'en donner une poignée à chaque fois qu'ils passaient et que le cheval mettait les oreilles droites. S'ils n'avaient pas de clicker sur eux, je leur ai dit de faire le "cloc" avec la bouche. Rapidement, l'émotion du cheval mordeur a complètement changé. Intrinsèquement, l'animal a une émotion qui change car il ne voit plus l'humain lui hurler dessus. Du coup, son émotion vis-à-vis de lui change et si, par mégarde, un humain crie ou s'énerve, ce n'est pas grave car les autres sont positifs. Avec le clicker training et les renforcements positifs, l'humain prend beaucoup de valeur. La relation est complètement différente ! »
Coralie insiste tout de même sur notre état d'être lorsque l'on aborde ces chevaux mordeurs : «En amont de la technique d'approche, le positionnement intérieur de la personne est très important. Il faut être présent à 100 % avec le cheval : une présence ancrée, stable, puissante et douce à la fois, sans peur ni colère. »
 
L'aile de poulet ...
Conseillées par Pat Parelli,elle consiste à agiter votre bras plié comme si vous aviez une aile, d'où la dénomination d'aile de poulet. Vous ne frappez pas le cheval mais le mordeur se heurte à votre espace et se punit seul. Une technique qui peut être efficace pour le pansage et les sanglages problématiques. Pensez aussi à sangler à sangler en trois fois en laissant au cheval le temps de se dégonfler entre chaque resanglage. Cette action deviendra ainsi moins douloureuse pour le cheval.
 
La punition positive ...
Cette punition consiste à lui donner la baffe du siècle quand il tente de vous mordre. Cela peut arrêter le comportement, ce qui est le but de toute punition, mais elle doit être administrée à l'instant précis de l'erreur pour qu'il n'y ait pas de confusion avec un autre comportement. Cela peut fonctionner ... ou entacher la relation avec les humains !
Comme le dit Coralie : « La claque sur la tête ? Ça ne sert à rien ! Ça fragilise la tête, c'est tout ...»
 
 
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