Pathologies du cheval

 
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Traumatismes ouverts

Plaies

On distingue de nombreuses variétés de plaies, définies par les causes qui les désignent avec leurs caractéristiques spécifiques.

Les plaies portant seulement sur la peau ou les tissus de surface sont dites "superficielles".
Dans le cas contraire, elles sont "pénétrantes", formant des culs-de-sac ou bas-fonds dans lesquels les microbes se développent et les transforment en "plaies infectées" beaucoup plus sérieuses, points de départ de complications locales susceptibles d'aggravations générales (septicémie, tétanos, gangrène ...).
On ne négligera jamais les soins aux plaies, pour la guérison desquelles la thérapeutique actuelle donne de puissants moyens avec des sulfamidés, les antibiotiques, les sérums.
Les plaies "déchirées" ou "à lambeau" doivent être, autant que possible, suturées pour en obtenir une réparation meilleure, sans trace ultérieure trop visible.
Les "plaies chirurgicales" sont celles occasionnées par acte opératoire. Elles sont en principe aseptiques, donc de cicatrisation facile et rapide, marquées seulement par des traces linéaires invisibles lorsque le poil a repoussé. En cas de suppuration, sous des influences diverses, elles passent dans la classe des "plaies infectées".
Ces plaies (les plaies infestées) sont le résultat de l'action des matériels coupants ou piquants (fourches métalliques surtout). Leur aspect les définit et leur gravité dépend de leur localisation ou des dégâts provoqués (sur les tendons, les muscles, dans les synoviales).
Les blessures par "coup de pied" sont également caractéristiques par l'aspect de la brèche produite. Celles de la pointe de l'épaule, de la face externe du bras ou de la face interne du tiers inférieur de l'avant-bras et de la jambe sont particulièrement graves, par les fêlures ou fractures qu'elles y occasionnent (zone où l'os est immédiatement sous la peau et où le choc violent n'est pas amorti par des muscles). Celles du voisinage des articulations sont également très graves, les microbes introduits dans la plaie pouvant facilement envahir la synoviale et provoquer une très dangereuse arthrite suppurée.
Les plaies par "embarrure", à l'écurie ou par chevauchement de clôtures, entraînent des déchirures importantes du grasset et de l'ars, avec grands lambeaux de peau et trajets profonds.
Les "blessures de harnachement" portent sur la nuque, les barres, le menton, les côtes, le garrot, le dos, le passage de sangle, à tous les points d'application des harnais. Le premier degré est la "bosse" ou "gonfle" qui est un œdème par compression prolongée de la peau et du conjonctif sous-cutanée ; le "cor" résulte de l'aggravation de la précédente, l'appui de la partie nuisible supprimant la circulation et conduisant à une mortification progressive.
L'excoriation puis la plaie sont produites par une action plus brutale et rapide.
L'infection possible entraîne des complications profondes d'abcès, phlegmons, maux de garrot ou de nuque, de dos, de rein.

Le traitement préventif réclame une surveillance minutieuse du harnachement et de son ajustage.
Les gonfles sont supprimés par massages, applications d'une éponge mouillée ou d'un linge humidifié.
Les cors sont ramollis par des corps gras et enlevés au bistouri.
Les plaies et complications méritent des soins plus poussés.

 

Crevasses

Ce sont des brèches transversales de la peau, en général au pli du genou (malandres) et du paturon (solandres). Dues à l'action de la boue et de l'humidité prolongée, elles sont aussi faciles à prévenir que longues à guérir.

   

Atteintes

Ce sont des plaies provoquées par le choc d'une extrémité qui vient blesser plus ou moins haut le membre latéral opposé ou symétrique (genou, jarret, canon, boulet, paturon, couronne).
On les évite par des protections (bandes, guêtre...) et par certaines modifications de la ferrure (fers tronqués).

   

Morsures

Elles méritent une place à part en raison de leur habituelle gravité. C'est surtout de voisin à voisin qu'elles se produisent. Au cours de la saillie, il n'est pas rare que l'étalon morde cruellement la jument au niveau du garrot.
L'étalon mord volontiers, ne serait-ce qu'en livrant bataille à ses semblables, alors que le hongre ou la jument ne mordent que rarement. De toute manière, un cheval mord en broyant sans chercher à arracher ce que ses dents ont saisi et c'est seulement en raison de leur écrasement que les plaies provenant de ces morsures sont déchirées, irrégulières, souvent mortifiées en profondeur et parfois très longues à guérir.

   

Gelures et brûlures 

Elles se manifestent aux membres et spécialement leurs terminaisons qui sont ou ont été au contact de neige, de boue gelée ou au contraire de corps en flammes ou caustiques (goudron, antigel).
Les lésions provoquées dans les deux cas sont identiques : zones gangrenées dont l'importance fait qualifier ces accidents de premier, deuxième ou troisième degrés suivant la profondeur des mortifications.
Au 3e degré s'ajoutent les symptômes généraux : fièvre, inappétence, amaigrissement rapide, toxémie par les éléments privés de vie que l'organisme doit éliminer.
La brûlure ou la gelure peuvent aboutir à une perte plus ou moins superficielle de substance par formation d'une zone analogue au cor de harnachement et parfois appelée "javart", vieille expression d'hippiatrique qui signifie gangrène ou nécrose.

Les applications de corps gras protègent les régions qui seront au contact des causes de froidures.
Les premiers soins des brûlés consistent en aspersions froides, pansement à l'alcool à 95°, compresses à l'eau picriquée ou pommades cocaïnée si la douleur est vive. Mis à part un tannage de la brûlure (au tanin, au bleu de méthylène ou à la vaseline picriquée) le mieux à faire est de badigeonner à l'huile de foie de morue, ou mieux encore, de toucher le moins possible à la brûlure.

 

Plaies par armes à feu

Elles sont toujours graves. Le projectile traverse les tissus avec puissance en produisant des dégâts anatomiques importants avec hémorragies profondes, délabrements, ruptures d'organes. En même temps, il introduit avec lui des souillures (poils, débris, etc...), source prochaine d'une intense suppuration.

 

Pronostic 

Le pronostic des plaies est en général favorable chez le cheval.
Il varie cependant avec leur étendue et leur profondeur ainsi qu'avec leur siège :
- proches d'une articulation, elles se réparent plus lentement ;
- profondes au niveau du thorax, de l'abdomen ou du cerveau, leur infection locale peut se compliquer de pleurésie, de péritonite, de sinusite, de méningo-encéphalite.
Il varie également avec la situation sanitaire du blessé, le diabète et l'usure générale retardant la cicatrisation.
La guérison s'opère rarement par première intension, autrement dit par soudure parfaite des lèvres de la plaie sans suppuration ni trace perceptible quand les poils auront repoussé. Elle s'effectue presque toujours par bourgeonnement, autrement dit grâce à une reconstitution plus lente qui peut laisser subsister une cicatrice plus ou moins exubérante ou chéloïde, une fistule, des adhérences.

 

Traitement

Il est à base d'antiseptiques sous toutes leurs formes et en principe sous pansement clos, après suture le plus souvent possible, drainage s'il le faut et plâtre s'il y a lieu de lutter contre un bourgeonnement exubérant.
Contrairement à la croyance générale en la vertu des antiseptiques classiques, les enseignements de la thérapeutique la plus moderne tendent actuellement à prouver que ces agents ralentissent la cicatrisation des plaies parce qu'ils gênent l'action reconstructive des globules blancs et autres cellules réparatrices, et à démontrer que la guérison des plaies est plus rapide et plus sûre si l'on se borne à administrer aux blessés des injections générales d'antibiotiques.
S'il s'agit d'un genou "couronné" par la chute au sol, les couches successives de tissus seront fatalement en chicane si l'on veut traiter en position debout et ces couches réserveront des bas-fonds où le pus risquera, par impossibilité de drainage, de se former et de fuser vers le bas. Il convient donc de soigner le genou en le mettant en flexion afin de rendre aussi rectiligne que possible le trajet de la plaie.
Si les délabrements sont considérables, on peut beaucoup favoriser la réparation par une greffe de peau prélevée sur le poitrail et implantée sur ou dans la plaie. Cette technique est relativement facile sur le cheval où elle est de plus en plus souvent employée.
Dans tous les cas, le traitement comporte 3 aspects :
- chirurgical pour nettoyer et régulariser la plaie avant suture et supprimer ce qui est d'avance condamné,
- préventif pour protéger contre le tétanos et la gangrène,
- médical pour combattre la suppuration au moyen de lavages, de pulvérisations ou d'une friction d'onguent vésicatoire, médicament antique mais toujours efficace.

 
 
 
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