Pathologies du cheval

 
Maladies internes
 
       
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Maladies de l'appareil circulatoire

 

Par constitution, le cœur est un muscle qui travaille comme tous ceux du cheval, à ceci près qu'il fonctionne en permanence de la naissance à la mort et que son jeu de contractions et de relâchements est soumis à un système nerveux autonome qui, presque sans autre intervention, assure son débit conformément aux besoins du moment.
Un travail parfaitement conduit par une progression bien calculée, une surveillance effective après chaque effort considérable, une mise au repos ou au demi-repos si l'examen du cœur semble dépasser ses possibilités, sont autant de facteurs favorables à la conservation d'un bon état qu'on désire maintenir le plus longtemps possible.

Dans le cas opposé, le muscle cardiaque se fatigue, ne peut plus lancer assez de sang vers les poumons pour y puiser de l'oxygène ni vers le reste de l'organisme pour y apporter des éléments nutritifs en même temps que cet oxygène. Par un cercle vicieux, plus son surmenage est intense et pénible plus ses battements sont nécessaires.

Le myocarde s'affaiblit alors au lieu de gagner en tonicité et en puissance. Il s'amincit et se dilate alors qu'il n'a pas le temps de s'hypertrophier comme le feraient tous les autres muscles du corps.

De ce fait, les orifices du cœur commencent à se modifier, leurs valvules ne coaptent plus comme elles le devraient et laissent refluer le sang déjà lancé des ventricules dans les oreillettes et des artères dans les ventricules.
Les valvules, surmenées à leur tour, s'épaississent, réagissent en bourgeonnant, gênent le passage du sang.

L'ensemble de ces troubles amène un dysfonctionnement complet de la circulation. Le cœur "forcé" est désormais incapable de remplir sa mission cependant primordiale.
Le travail du cheval laisse alors à désirer; sa respiration est difficile; on aperçoit en arrière du coude gauche les battements cardiaques plus ou moins tumultueux, des œdèmes apparaissent quelquefois.
Ces signes exigent d'être contrôlés par diverses méthodes.

La percussion et l'auscultation révèlent l'étendue de l'aire cardiaque et sa dilatation éventuelle, le caractère normal ou non des bruits et des silences du cœur (tonalité, puissance, dédoublements, etc.), l'existence de souffles et de leur prédominance par rapport aux valvules, la répercussion d'anomalies vers les troncs aortique ou pulmonaire, tous renseignements révélateurs de rétrécissements ou dilatations orificiels et de lésions myocardiques.
L'hémodynamique étudie la pression (tension) artérielle qui peut être mesurée à l'exemple des procédés utilisés pour les humains.
L'électrocardiographie peut également être employée. Ses techniques sont bien au point, leur lecture permet aux spécialistes de son interprétation une comparaison fructueuse entre les tracés et les données fournies par la clinique.
La thérapeutique du cœur est à base d'une mise au repos ou tout au moins d'une diminution importante des efforts exigés.
En effet l'effort demande une augmentation du débit cardiaque, entraîne une élévation de la pression artérielle et de la pression dans les capillaires pulmonaires, diminue le flux plasmatique rénal, ce qui a pour effet d'augmenter la masse sanguine déjà excessive.
Au contraire, le repos, qui a les effets inverses, répond exactement aux exigences du traitement.
En outre, elle fait usage de plusieurs types de médicaments : cardiotoniques (digitale), analeptiques cardiaques (huile camphrée), modificateurs du rythme (quinidine), diurétiques. Ces médicaments sont efficaces avec les cœurs fatigués et récupérables parce que peu gravement touchés, mais ils sont souvent inopérants lorsque les altérations du rythme et des bruits du cœur sont sévèrement perturbés, surtout par des souffles quand il s'agit de chevaux de sport.

 
 

Les artères du cheval sont moins souvent touchées que celles de l'homme, les infections et intoxications qui les atteignent étant moins fréquentes et moins graves.
Il est néanmoins possible de rencontrer de temps à autre :

- des artérites, suites de maladies infectieuses (artérites virales par exemple),

- des invasions parasitaires comme le strongle (Strongylus vulgaris) dont le cycle évolutif comporte un arrêt dans le tronc artériel mésentérique. Environ 85 % des chevaux portent des anévrismes au niveau des artères qui desservent l'appareil digestif et l'arrière-main. Ces lésions sont provoquées par des vers qui, passés du gros intestin dans les artérioles voisines, y remontent le courant du sang en creusant dans la paroi des sillons dont la multiplication endommage finalement les gros vaisseaux. La dilatation de ces derniers aboutit rarement à leur rupture mais leur thrombose peut disperser dans les mêmes artères des caillots de sang qui, interdisant la circulation dans une section de l'intestin, provoqueront de graves coliques par congestion. Les anévrismes sont décelés par palpation comparant le pouls aortique et le pouls mésentérique.

- de gros chocs locomoteurs : un caillot se forme dans la cavité de l'artère; il s'organise et obstrue le passage du courant sanguin. Il en résulte une thrombose dont les conséquences sont doubles : d'une part une privation plus ou moins totale et durable dans la région même (ischémie), d'autre part la projection de petits fragments du caillot principal qui iront bloquer de la même façon la circulation dans d'autres zones du corps où s'établit alors un infarctus du myocarde, du cerveau, etc. La localisation habituelle des thromboses du cheval est l'artère iliaque qui, obturée plus ou moins totalement, occasionne la boiterie intermittente dite "à chaud" : le départ de l'écurie est parfaitement normal puis, après une distance variable, la claudication commence : la pince du pied trace un sillon sur le terrain, une crampe apparaît, l'impossibilité d'avancer devient évidente. L'arrêt est marqué par des lancinations douloureuses et par de la sudation, le cheval donne l'impression qu'il essaie de se débarrasser d'une gêne, l'extrémité du membre est plus froide que celle du congénère opposé. Après quelques minutes le malade peut repartir, mais le cycle recommence peu après dans les mêmes conditions.

 

Les veines peuvent être le siège de phlébites qui sont des complications d'infections locales ou générales. On en constate d'emblée à la suite d'injection intra-jugulaires répétées qui irritent les parois, les durcissent, donnent à la veine un aspect caractéristique "en tuyau de pipe" (périphlébite et phlébite adhésive se transformant en phlébite suppurée par infection, à la suite de saignées ou autres manœuvres insuffisamment aseptiques).
C'est surtout la jugulaire qui, la plus favorable aux injections chez le cheval, est la plus souvent atteinte. Le malade est alors gêné dans les mouvements de son encolure, la gouttière jugulaire est gonflée. Dès que l'abcédation s'est produite, une fistule s'installe qui laisse s'écouler du pus, puis se produisent de légères fuites de sang, susceptibles d'augmenter jusqu'à la phlébite "hémorragique" qui peut faire mourir le cheval par saignée à blanc. Le mécanisme de ces complications s'explique car, dès qu'il y a inflammation veineuse, il se forme un trombus qui obstrue la lumière du vaisseau et qui, par suppuration, se désintègre jusqu'à disparaître et permettre la fuite du sang. Par propagation du pus dans tout l'organisme, on peut même voir se déclarer une méningo-encéphalite ou une septicémie.
Pour toutes ces raisons, en même temps que sera entrepris le traitement médical, le malade restera immobilisé et recevra une alimentation très liquide, permettant des déglutitions faciles.

En dehors des phlébites, on peut observer des varices, dilatations veineuses surtout rencontrées au niveau des canons et des tendons, favorables aux claquages par mauvaises circulation de retour.

 

Les capillaires, très petits vaisseaux unissant les artérioles et les veinules dans l'intimité des tissus, sont seulement visibles aux zones où la peau est très fine, donc chez les pur-sang au bout du nez, aux lèvres.
Ils participent aux mécanismes de la congestion et régularisent la circulation, phénomène particulièrement important aux extrémités des membres. L'extrême minceur de leur paroi permet normalement les échanges nécessaires à la vie des cellules.

De façon anormale, ils permettent l'apparition de l'œdème, extravasation de plasma sanguin qui se traduit par une tuméfaction dépressible sous le doigt en forme de godet qui s'efface après quelques minutes (voir image ci-contre). L'œdème résulte tantôt d'une contusion sans hématome, tantôt d'une insuffisance du cœur aboutissant à la stagnation du sang et à la fuite capillaire, tantôt d'une infection localisée ou généralisée, ces deux derniers motifs provoquant la formation de grands placards aux parties déclives du corps.

 
Les vaisseaux lymphatiques existent dans tout l'organisme mais ce sont surtout ceux des membres qui intéressent l'homme de cheval à cause de leur inflammation éventuelle suite à des plaies apparentes ou peu visibles, parfois de simple dermite, crevasses, fourchette échauffée, de grattage dû à des parasites (poux, gale), parfois provoquée par une suppuration ou une infection.
Avec un peu de fièvre, on note une augmentation de volume du membre en haut duquel existe, au bout d'un cordon en forme de boudin, une grosseur de la taille d'une noix, molle et sensible. Le boudin est dû à la dilatation du vaisseau lymphatique enflammé (lymphangite), la grosseur représente la réaction du ganglion lymphatique (adénite), la tuméfaction parfois considérable du membre est due à la participation de l'ensemble des réseaux lymphatiques.
Certaines lymphangites sont dites spécifiques (provoquées par des germes) d'autres sont traumatiques, frappant généralement les membres, elles sont toujours extrêmement gênantes et disgracieuses, souvent difficiles à guérir.
Leur traitement est avant tout préventif par antisepsie de toutes les plaies des extrémités, il est curatif à base de pansements humides à l'eau très salée, d'administration de sulfamides et d'antibiotiques, d'exercice modéré au pas. Si la lymphangite dure plus de huit à dix jours, elle a toutes chances de transformer les membres en "poteaux" volumineux, durs, irrémédiablement déformés sans qu'on puisse faire disparaître cette tare mais sans qu'elle gêne notablement le malade.
 

 


 
 
 
 
 
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