La maison landaise

Conçue à l'origine pour répondre aux nécessités de la ferme (travaux agricoles et élevage), la maison landaise traditionnelle a préservé son identité.

Comme dans toutes les régions, l'architecture qui régit les maisons rurales landaises prend racine dans l'habitat paysan traditionnel.


Poulailler perché

Situé au nord du bassin de l'Adour, l'essentiel du territoire, autrefois constitué de lande pastorale, est devenu une gigantesque pinède plantée par l'homme. Jusqu'au XIXe siècle, on y trouvait une économie autarcique sur des îlots de colonisation baptisés "airiaux". Une maison témoin, à la toiture typique à trois pentes dite "en queue de palombe", située sur l'airial de Marquèze, illustre les us et coutumes des Landais du temps jadis.
Autrefois, à l'habitation principale, foyer des familles d'exploitants et de fermiers, pouvaient s'adjoindre des bâtiments qui gravitaient tels des satellites autour du logis : moulin à eau, rucher (l'apiculture a toujours été une activité régionale), bergerie, four ou poulailler. Ce dernier était perché, son sol à claire-voie permettant au paysan de récolter la fiente des volailles, qui constituait un engrais précieux.

 
Une distribution judicieuse

La maison de la grande lande est basse et possède un grenier. Sa charpente s'avance pour former un auvent (eustantade). Sous le pignon, on pénètre dans la pièce commune carrée. De grande dimension, celle-ci fait office de salle à manger et de cuisine, avec la cheminée tout au fond. Elle est équipée d'un mobilier succinct et utilitaire (lits, buffet, chaises).
Au plafond, les poutres en bois apparentes permettent se suspendre les jambons à de solides crochets afin qu'ils sèchent.
La pièce principale dessert les remises ou les réduits attenants. Les chambres sont situées au-dessus. La distribution judicieuse des pièces évite de perdre de la place.

   

Certaines maisons des Landes arborent des détails ornementaux extérieurs qui les différencient des autres habitations, tout en s'intégrant harmonieusement à l'architecture régionale. L'auvent prend dans ce cas une place plus importante. Sous celui-ci, une sorte de galerie non close se forme grâce à un ornement transversal de poutres en bois placées en "Y", laissées en l'état brut ou peintes en blanc.
L'été, certains paysans prenaient plaisir à boire sous la treille, le vin "de grives" issu de leur propre récolte.

 


Dans les fermes très anciennes, on est frappé par une originalité pleine de pittoresque : la communication de l'habitation avec l'étable.
Le passage de l'une à l'autre se faisait depuis la pièce principale grâce à une fine cloison dans laquelle étaient ménagées des ouvertures. Les bœufs, attachés par une corde coulissante au cou, passaient la tête.

Ce système, appelé "ristoun" permettait de nourrir le bétail à tout instant sans sortir de la maison. En hiver, l'haleine des bestiaux réchauffaient la pièce commune.
Traditions sous influences

 

L'architecture landaise a su faire preuve d'ouverture en se laissant influencer, d'une part par l'Espagne, sa proche voisine qui l'a inspirée dans la construction des arènes, et, d'autre part, par les régions limitrophes ayant permis à des stations balnéaires comme Hossegor de se démarquer de l'identité landaise type.

Le territoire des Landes, s'il est réputé pour offrir une nature splendide et généreuse, est aussi une terre d'Histoire.
Les habitants de Brassempouy ne sont pas peu fiers de mentionner leur Dame à la capuche ! Cette sculpture d'ivoire qui remonte à 23 mille ans avant J-C, constitue la plus ancienne représentation du visage humain connu au monde.

D'églises en abbayes, de chapelles en châteaux, le patrimoine architectural anime le paysage landais sans ostentation. Les églises romanes, édifiées au Moyen-Âge, balisent les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Celles de Biarotte, Bégaar et tant d'autres encore méconnues méritent que l'on s'y attarde.

 

 
Les villas balnéaires
 

Un courant de création néo-régionaliste s'est développé dans les années 1920-1930 sur le littoral, particulièrement à Hossegor. Véritables chefs-d'œuvre de l'architecture de ces années folles, les villas balnéaires rivalisent de fantaisies. Leurs façades décorées tranchent sur celles des maisons traditionnelles landaises, plus sobres. Les amoureux de cet ancien hameau côtier se sont opposés à ce que des cottages de villégiature, bâtis au gré des caprices des constructeurs ne dénaturent l'harmonie du paysage. "Hossegor sera landaise ou ne sera pas !" Le style basque a toutefois été toléré et cette double identité se retrouve dans les boiseries peintes de couleurs vives, les toitures à pentes inégales, les pans de bois et encorbellements ainsi que dans la profusion de balcons et de vérandas. Subtil évolution du style basque classique revisité à la mode de l'époque, sous influence de l'Art Déco, les proportions sont harmonieuses, les édifices romantiques et élégants, et les décors mêlent habilement tradition et modernité.

 

Bois, torchis et terre cuite

De tous les matériaux exploités pour construire les maisons landaises, le bois vient en première position. Il est utilisé pour l'armature qui sera ensuite garnie de torchis pour les parois et de tuiles en terre cuite pour la toiture, ce qui donne à l'ensemble de la bâtisse un cachet rustique. Mais s'il est omniprésent dans la majeure partie des Landes, le bois est parfois supplanté par la pierre et les galets.

 

Le bois, élément roi

Généralement, les habitants privilégient toujours l'exploitation des ressources naturelles disponibles sur place dans leur région pour construire leur logis. Dans les Landes, le bois abondant est LE matériaux roi. Il est amplement utilisé pour ériger maisons de maître, habitations rurales, fermes, mais aussi bergeries, étables et autres bâtiments nécessaires à l'accueil des bêtes, fourrages et outils.
Dans les maisons de la lande, l'ossature de bois est presque toujours apparente. Le remplissage se fait avec du torchis. Une fois bien sec, cet amalgamé composé de terre, de sable du littoral et de paille est peint à la chaux blanche.

Dans le Marensin, l'habitat rural se démarque par une caractéristique qui ne manque pas d'aiguiser la curiosité des spécialistes d'architectures. Les interstices entre les colombages sont constitués de petites briques roses dont la tranche reste apparente. Leur disposition peut s'effectuer à plat ou en fougères, c'est à dire incrustées en oblique. Cette singularité se retrouve aussi à l'extérieur des maisons de la Grande Lande et dans la région du Born.