LE GEMMAGE
Comme tous les résineux le pin maritime réagit aux blessures qu'il reçoit (outils tranchants , animaux...) en sécrétant un liquide visqueux qui sert de cicatrisant : la gemme . C'est ainsi, pour en tirer profit, qu'on incisa régulièrement les pins pour en récolter ce produit.
La résine s'écoule de la care fraîche.

C'est autour de 30 à 35 ans pour les pins de plaine et 26 ans pour les pins de dune que débutait l'exploitation des arbres.

Dès février, les résiniers pelaient l'écorce en commençant à fleur de terre et sans entamer le bois jusqu'à 40 cm de hauteur sur une douzaine de largeur, il aura auparavant fiché au pied pour y recueillir la résine, un pot en terre cuite appelé cutiot.

 

Fin février, les gemmeurs pratiquaient sur les arbres ainsi préparés la première entaille nommée "pique", à l'aide d'un hapchot puis à intervalles réguliers ils revenaient faire de nouvelles incisions juste au dessus des précédentes.
Seau de gemmeur

Toutes les piques réunies formaient la plaie entière nommée care. Les copeaux prélevés sur la care s'appelaient gemmelles. Une trentaine de passages étaient nécessaires jusqu'à la fin septembre. La fréquence d'intervention (tous les 8 jours environ ) était fonction du durcissement au séchage de la care sous la couche de résine.

Dès que la care avait atteint son élévation maximale, l'ouvrier commençait à l'opposé du pin un nouvelle entaille qui rejoindra plus tard le même niveau. Puis ce sera le tour de la troisième et d'une quatrième care, jusqu'à faire le tour de l'arbre puis on recreusait sur les anciennes cicatrices...

De la sorte, les pins étaient gemmés parfois durant près d'un siècle.

Care le long d'un pin.

 

Pulvérisation d'acide sulfurique

Le modernisme a bouleversé les vieux systèmes.

Dans les derniers temps, l'entaille était pulvérisée à l'acide sulfurique, et la résine était recueillie dans une poche plastique. L'outil utilisé était une rainette. C'est ce qu'on appelait "le gemmage à l'activé".

Actuellement on étudie le moyen de relancer le gemmage à l'aide d'un système dit "en vase clos".

La récolte de la résine s'appelle "l'amasse".

"Il s'agit maintenant de tirer parti de l'amasse, de ces flots de gemme accumulés. Pour ce, des usines se sont construites un peu partout dans la Lande. Elles épurent d'abord l'amasse pour la convertir en térébenthine, et la distillent ensuite pour la séparer en essence volatile et en colophane.

L'essence de térébenthine sert comme solvant dans la fabrication du cirage, de l'encaustique, des peintures et vernis. On s'est orienté de plus vers les utilisations chimiques : synthèses pharmaceutiques, confections de parfums de camphre.

La colophane donne des huiles de résine, des colles de papeterie, des résinâtes, des éthers résiniques, des graisses à voiture, des cires à cacheter... En outre, la résine sous cette forme de colophane est introduite dans les savons gras. On peut l'y mêler dans la proportion de 10%. Elle les améliore grandement. Cette adjonction les rend plus détersifs. Ils moussent abondamment dans l'eau calcaire et même avec l'eau de mer. Ils sont plus doux à la peau. Et par surcroît, ils coûtent moins chers." (propos tenus vers 1950)

 

La distillation de la résine donne deux produits :

20% d'essence de térébenthine, solvant utilisé dans les peintures ;

70% de colophane, utilisé dans les colles de papeterie, les savons et les vernis.