à Mathieu D. et Jean D. qui furent fidèles au béret toute leur vie... |
Sa simplicité et ses qualités l'ont fait traverser le temps. Il est sur toutes les photos de famille des Destribats où il accompagne les adultes au travail, les enfants à l'école mais aussi les sportifs, les militaires et tous les moments de détente. Il est indissociable de nos souvenirs d'enfance.
Il a su à partir du Sud-Ouest de la France se faire connaître dans le monde entier. Alors, un simple accessoire vestimentaire, le béret ? Pas si sûr... |
Les origines :
On situe l'ancêtre du béret comme étant une sorte de pèlerine couvrant la tête et les épaules des soldats romains qui occupèrent la vallée d'Aspe, en Béarn. Les romains partis, l'idée fut conservée par les habitants, mais adaptée aux ressources locales et simplifiée pour ne conserver que l'essentiel : le couvre chef.
Les bergers béarnais des vallées d'Aspe et d'Ossau se sont donc mis à tricoter des bérets, pour eux d'abord puis pour leurs voisins, Basques pour commencer, puis Gascons et Landais. |
C'est grâce aux colporteurs qu'il se répand. De laine non teinte à ses débuts, il acquiert des couleurs et des variations dans son diamètre et dans sa façon d'être porté, suivant la profession et la région d'origine de son propriétaire. On le retrouve également représenté de diverses manières comme à Bellocq, en Béarn, sa région d'origine, sculpté dans la pierre de l'église du XIIIème siècle où il coiffe trois statues du portail.
Ce sont les Basques qui surtout se sont chargés de la diffusion de notre héros vers l'Espagne bien sûr, puis vers l'Amérique : Uruguay dès 1832, puis à partir de 1850 l'Argentine, le Chili, le Pérou, la Bolivie. Ils émigrent également, mais plus tard, au Mexique, en Californie, en Louisiane et au Canada. |
Les marins Basques ont contribués à cette diffusion au point qu'à Saint Pierre et Miquelon, archipel français de Terre Neuve, on dit lorsqu'il neige à gros flocons, qu'"il pleut des bérets basques".
Le béret est donc béarnais, il doit son qualificatif de " basque " à des voisins du Béarn, voisins qui lui sont devenus très vite fidèles. Un autre exode a fait beaucoup pour faire connaître le béret, c'est celui des campagnes vers la ville, au XIXème siècle : bientôt, il protège du soleil et de la pluie les écoliers, les instituteurs, les ouvriers.
A plusieurs reprises on le rencontre sur la tête de militaires et ce dès le début du XVIème siècle. Un béret bleu coiffe la garde personnelle de Napoléon 1er, en 1805, puis on le retrouve à diverses occasions au cours de conflits armés. C'est en 1891 qu'il va faire partie de la tenue réglementaire des Chasseurs Alpins, régiments créés deux ans plus tôt. Il a alors dans cet usage des mesures précises, 30 centimètres à plat, est orné à droite d'un cor de chasse et porte un surnom : la "tarte".
Au fil du temps et des conflits il est adopté par différentes nations et corps d'armées : parachutistes, tankistes, aviateurs, légionnaires, etc.
Il se répand sur tous les continents et dans de multiples coloris pour faire partie des tenues militaires. Son nom associé à une couleur désigne des régiments précis, comme les "bérets rouges", parachutistes français. |
Le béret s'est aussi posé sur des têtes sportives : golfeurs, alpinistes, joueurs de tennis cyclistes pour ne citer qu'eux, mais également joueurs de pelote basque. Il est utilisé par les sauteurs des courses de vaches landaises qui mettent leurs pieds joints dedans avant d'effectuer certains sauts ou certains écarts (les écarteurs ont un béret brodé assorti à leur boléro).
Les enfants l'utilisent dans leurs jeux à la récréation. C'est de très haut qu'il domine les zones marécageuses des Landes, perché sur les têtes des bergers eux même juchés sur des échasses.
La fabrication :
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Les modes de fabrication ont bien entendu évolué au fil du temps, mais les objectifs sont restés constants. Un béret doit toujours posséder les qualités qui l'ont fait adopter par des générations successives. Il doit être confortable, solide, souple et léger, imperméable, ne pas se déformer ni se froisser ou déteindre. Il ne doit pas non plus s'envoler à la moindre bourrasque, et c'est donc solidement "vissé" sur la tête de son propriétaire qu'il doit le protéger de la pluie, du froid, du vent, de la neige et du redoutable soleil estival des Pyrénées......ou d'ailleurs. Certains lui trouvent d'autres fonctions occasionnelles : porte monnaie ou panier pour cueillette improvisée, ou, comme les sauteurs des courses de vaches landaises, un usage plus...sportif.
Plusieurs étapes sont nécessaires pour obtenir un exemplaire de notre héros :
1- Le tricotage :
en effet, le béret n'est pas tissé, mais tricoté, et d'une seule pièce : les bergers des débuts utilisaient de longues aiguilles de buis, instruments conservés par les tricoteuses qui prendront leur relais quand la fabrication pastorale deviendra artisanale (une tricoteuse pouvait tricoter un peu plus de deux bérets par jour). L'ère industrielle verra la mécanisation du tricotage, la fabrication s'adaptera : en effet, l'ouvrage est alors produit en ligne, pour former une sorte de galette dont il manquerait une part. La galette sera fermée et la petite queue qui surmonte l'objet et qui reprend les mailles du centre est tricotée à la main. Cette petite queue à un nom : le cabillou. Il ne reste plus qu'à ourler la partie qui sera autour de la tête.. La matière première utilisée est bien entendu la laine, sa particularité de feutrer quand elle est soumise à certaines conditions la rend irremplaçable.
2- Le feutrage :
de cette opération et du soin qui y sera apporté dépendront les qualités de notre petit héros. Elle demande un savoir que seul une longue expérience peut faire acquérir. Au début on utilisait l'eau des gaves afin d'obtenir le feutrage. Industriellement, les pièces sont placées dans une machine à fouler, avec de l'eau chaude savonneuse. Des maillets de bois entrent en action, pendant un temps qui dépend du résultat souhaité, de 2 heures pour le béret folklorique, 7 heures pour le béret " normal " et 14 heures pour le béret militaire.
3- La teinture :
là aussi une opération demandant un grand savoir faire. A l'origine marron car non teint, il est devenu traditionnellement noir puis s'est adapté aux couleurs de la mode : on le trouve décliné dans toutes les nuances.
4- Mise en forme, séchage :
la mise en forme se fait sur une pièce encore humide de l'opération de teinture. Les bergers utilisaient leur genou, la fabrication moderne une forme en bois sur laquelle l'ouvrier le place et l'étire jusqu'à obtenir la taille désirée et la silhouette que nous connaissons tous.
5- Grattage et rasage :
malmené par les opérations successives, l'ouvrage est gratté par des brosses métalliques qui ont remplacé les fleurs séchées de chardons des temps anciens. Il est ensuite tondu pour lui donner son aspect velouté final. Le cabillou est lui l'objet d'un soin attentif : il est lui aussi tondu minutieusement à l'aide d'un rasoir électrique adapté à sa taille réduite.
6- Le garnissage :
une doublure, de drap ou de soie par exemple, est posée avant de coudre la bande de cuir, on dit la baleine, qui donnera à l'objet fini plus de tenue. Sur cette doublure, on retrouve l'écusson qui indique la marque. À noter que les femmes portaient traditionnellement le béret "nu", c'est à dire sans garnissage.
La tradition :
Mondain, militaire, citadin ou rural, canaille, protestataire ou insolent, sportif, turbulent, révolutionnaire ou résistant, le béret est tout ça à la fois.
Porté aussi bien par Che Guevara, Ernest Hemingway, Pablo Picasso, Gréta Garbo, Claudia Schiffer ou de simples anonymes, le béret est bien plus qu'un simple couvre chef. Il est indémodable. |
Il sait par la simple façon que son propriétaire a de le porter, indiquer son humeur, en plus de le protéger des rigueurs du temps. Il a une place dans le cœur de bien des gens, et plus encore dans celui des Gascons, des Béarnais et des Basques, qui ont pour lui une tendresse toute particulière. D'ailleurs ils lui ont consacré bien des vers, dont ceux qui suivent et qui disent si bien l'attachement qu'ils portent à leur couvre-chef :
Chanson
du béret |
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I Chaque pays possède sa
coiffure : |
II Notre béret c'est toute
la Gascogne, |
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III Le béarnais aime le mettre en pointe,
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IV Quand grand-papa travaille dans la
vigne, |
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V Lorsqu'à Bayonne, on joue à la pelote,
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VI Votre béret a fait le
tour du monde, |
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VII Quand le conscrit quitte sa fiancée
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Bibliographie :
- " Le béret ", de Philippe Jouvion, éditions du Rouergue ;
- " La vie quotidienne au Pays Basque sous le second empire ", par Marie France Chauvirey, chez Hachette ;
- Le Musée du Béret : pour tout savoir de son histoire et de sa fabrication actuelle et passée. Le Musée du Béret, Place Hoche 64800 Nay. Tel 05 59 61 70. Ce musée a aussi son site : http.www.muséeduberet.fr .
1) - " Le béret gascon : Basque, Béarnais, Landais trois têtes en un béret " de Nicole de Senneville Saint Marie ;
2) - " la bénédiction circulaire ", de Jean-Claude Pertuzé ;